La vocation d’Alexandre Cammas, le fondateur du guide gastronomique qui détrône le Michelin auprès des jeunes urbains du monde entier, est née derrière le zinc d’un bistrot aveyronnais de Paris.

Alexandre Cammas, fondateur du Fooding.

Alexandre Cammas, fondateur du Fooding.

Alexandre Cammas aurait très bien pu rester derrière le comptoir familial à servir de la limonade. Peut-être serait-il devenu un animateur zélé et assidu des banquets convenus des Aveyronnais de Paris. Mais il a préféré la voie du journalisme et, sur cette route-là, il a croisé celle de Jean-François Bizot, le fondateur d’Actuel puis de Nova. Auprès de cet extraordinaire détecteur de mouvements et explorateur des marges, Alexandre Cammas a appris le métier et la liberté. C’est là, en 1990, dans un papier de Nova Mag, qu’il a inventé le néologisme Fooding, contraction de food (nourriture) et feeling (sentiment). Depuis, Fooding est devenu une marque qui réunit un guide gastronomique multi-média et des événements gastronomiques festifs et internationaux. Les mots d’ordre de l’un comme des autres : cuisine d’auteur, service décontracté et tarif accessible. C’est ainsi que les plus grands restaurants gastronomiques doivent apprendre à cohabiter avec bistrots, pizzerias et kebabs dans les pages du Fooding.

En GO surbooké d’une équipe jeune, remuante, créative et curieuse de tout, Alexandre Cammas court avec une apparente décontraction d’un bout à l’autre du monde pour y renifler l’air du temps dans toutes les gargotes et les palaces ; mettre les pieds sur les tables du Michelin ; développer son guide gastronomique ; défendre la marque Fooding, convoitée par l’industrie du surgelé ; courir de Paris à Marseille, de Marseille à New York, de New York à Milan et de Milan à Los Angeles ; y organiser de grands banquets cool et gourmands ; signer une chronique justicière contre ceux qui prétendent que la France a perdu le goût ; ne pas mâcher ses mots ; occuper le net et les réseaux sociaux… Telle est la vie d’Alexandre Cammas et sa conception d’une cuisine cool, chaleureuse, soignée mais débarrassée des conventions et du décorum.

« A travers nos supports médias et événementiels, explique Alexandre Cammas, nous faisons un vrai travail de journalistes en décryptant l’époque, en extrayant ce qu’elle a de meilleur, et en révélant aux intéressés, tout ce qui est nouveau, intéressant, sincère, authentique… et de qualité ! Notre mission : révéler « le goût de l’époque », pendant comestible de l’air du temps, en refusant l’ennui à table et en préparant le terrain aux futures traditions. Car les traditions ne sont jamais rien d’autre que les fruits d’anciennes modernités. CQFD : les conservateurs ne sont donc rien d’autre que des modernistes à la traîne… »

Forcément, Alexandre Cammas et ses condisciples agacent. De plus en plus. Comme, avant eux, le faisait la Nouvelle Vague avec le cinéma, référence relevée par le New Yorker pour qualifier Le Fooding. Le magazine Time, lui, estime que les événements du Fooding sont les « coolest food events known to man » (les événements gastronomiques les plus cool que l’homme ait connus). Zagat US dit du Fooding qu’il est « the general arbiters of culinary cool » (les arbitres de la cuisine cool). Quinze ans après sa création, Le Guide Fooding, qui fait intervenir la crème des designers et illustrateurs, se vend chaque année autour des 50 000 exemplaires (en kiosques et librairies), et, avec sa prolongation digitale (lefooding.com, appli…), est devenu plus influent que le Michelin en France auprès des jeunes urbains, le débordant même en vente d’applis iPhone. L’édition 2017 du guide Fooding sortira en novembre.

Chaque mois, le Fooding organise de petits événements appelés Priceless Soupers : neuf épisodes inédits, 100 % toqués, alliant casting de rêve, révélations confidentielles et avant-premières ultra-exclusives (priceless-soupers.com). Le 20 mai a lieu un évènement nommé la Veillée Foodstock à La Rotonde à Paris : mix de concerts acoustiques, des friandises de chefs, des cocktails savants et une ambiance intimiste, au coin du feu, en présence de Keren Ann, Gaetan Roussel. Pour cette neuvième édition, Le Fooding a souhaité mettre en avant l’importance d’une nourriture saine et responsable en invitant des chefs qui privilégient des produits biologiques et locaux, sensibles aux questions éthiques et écologiques. Au mois de septembre Le Fooding signera Plats de résistance, un événement festif et gourmand, pour résister à la tentation du repli, du rejet, du cynisme… Un événement humaniste qui réunira des chefs internationaux engagés, militant pour la réconciliation des peuples et des cultures, à travers leur cuisine.