Depuis la sortie de son Tribal, couteau original qui a marqué sa véritable entrée dans la caste des couteliers de Laguiole, cinq années se sont écoulées, au cours desquelles Benoît l’Artisan est devenu Benoît l’entrepreneur.
Afin de pouvoir tracer sa propre route, il fallait bien que Benoît Mijoule s’émancipe un jour de ce père Jean-Pierre qui l’avait encouragé, formé et fait entrer dans le métier de coutelier en 1999, à l’âge de 23 ans. Le lien avait déjà été tranché net en 2007, d’un coup de Tribal, le premier couteau réellement original conçu par Benoît l’Artisan. Une lame de laguiole, un système de fermeture à cran forcé, le Tribal se distingue des productions traditionnelle par les trois fois trois angles de son manche. Le Tribal a fait de Benoît l’Artisan Benoît le créateur. « On aime ou on n’aime pas », prévient modestement Benoît Mijoule. Les clients semblent aimer. Le couteau, décliné pour la poche, la chasse et la table, connaît un beau succès commercial. Il est devenu la locomotive marketing de toute la gamme classique de Benoît l’Artisan.
La totale émancipation de Benoît Mijoule s’est confirmée en début de cette année, avec le rachat de la boutique paternelle, La Maison du Laguiole. En reprenant cette affaire familiale, au terme de quatorze ans de développement continu, Benoît l’Artisan est devenu Benoît l’entrepreneur. Il est aujourd’hui à la tête de trois sites (deux boutiques et un atelier-boutique) et d’une équipe de treize personnes. Jusqu’en 2013, Benoît l’Artisan produisait environ 5 000 pièces par an. Cette année, la production devrait passer à 7 000 pièces. « Ce passage du statut d’artisan à celui de petite entreprise n’est pas simple à gérer, note le jeune coutelier. Les choses ont beaucoup bougé au cours des cinq dernières années. Nous devons maintenant stabiliser la taille et la structure de l’entreprise, réorganiser, identifier et qualifier les activités des trois sites. » Pour ce faire, Benoît est épaulé avec efficacité par son épouse Cécile.
Il faut aussi faire évoluer la gamme, encore et toujours. Rechercher de nouveaux matériaux : titane, fibre de carbone, fibre de verre… Pour cet été, Benoît l’Artisan a sorti les premiers modèles d’une gamme « développement durable ». Le manche de ce couteau est une inclusion de pomme de pin dans du plexiglass. « J’aimerais aussi refaire de la vraie corne d’Aubrac et développer des bois locaux », glisse le coutelier. Mais les choses ne sont pas si simples : la corne d’Aubrac, creuse, est difficile à mettre en œuvre ; les essences de bois locales manquent de stabilité.
Parmi les pistes de développement, Benoît Mijoule croit aussi beaucoup au sur mesure. Son prochain challenge : proposer aux clients une gamme de couteaux à personnaliser soi-même, à partir d’une série d’options. Ce type de produits permettrait en outre de doper la commercialisation par internet.
Pour ceux qui aimeraient pousser plus loin encore la personnalisation de leur couteau, Benoît l’Artisan propose des stages d’une journée, au cours duquel il est possible de réaliser soi-même son laguiole (sur réservation).
En savoir plus : www.laguiole-benoit.com