Deux ans après son rachat par Benoît Bougerol, la librairie indépendante Privat, au centre de Toulouse, retrouve des clients et renoue avec les profits. Une sorte de miracle à l’aveyronnaise, accompli par le patron de la Maison du Livre de Rodez et sa fille Anne.
C’était le 13 octobre 2013 : la librairie Privat, l’un des établissements du groupe Chapitre en faillite, devenait propriété de la holding familiale de Benoît Bougerol. En pleine crise et dans un secteur d’activité déprimé, le patron de la Maison du Livre avait réussi à convaincre des partenaires qu’il était en capacité de sauver cette institution culturelle de la ville de Toulouse. Deux ans après et au prix de gros investissements, il semblerait qu’il ait réussi le prodige. Privat voit son chiffre d’affaires repartir à la hausse et devrait atteindre 2,5 M€ cette année (il était passé de 5,4 M€ en 2004 à 2,2 M€ en 2012). Plus encourageant encore : la nouvelle librairie Privat s’est montrée rentable dès le premier exercice. Selon Benoît Bougerol et sa fille Anne, qui dirige l’établissement, Privat serait calibrée pour un chiffre d’affaires de 3 millions. Ils espèrent maintenir un rythme de progression de 5% par an.
Ce résultat est le fruit d’une politique d’investissement très volontaire. D’emblée, le nouveau propriétaire a dépensé 500 000 euros pour rénover le rez-de-chaussée et les sous-sols de la librairie de la rue des Arts. Il a ensuite dû en rajouter pour remettre en état le système de chauffage et climatisation qui a rendu l’âme. L’outil de travail est désormais moderne et opérationnel : « Nous avons refait tout le système informatique, et la logistique, explique Benoît Bougerol. La moitié du personnel a été renouvelée car certains souhaitaient partir et nous avons recrutés des libraires expérimentés. Et puis, les clients sont revenus. »
Malgré ces succès, la partie n’est pas définitivement gagnée pour le libraire indépendant, qui doit faire face à la concurrence terrible des grandes enseignes installées en périphérie de la ville. Privat doit donc continuer de convaincre les Toulousains et les autres qu’ils peuvent trouver leurs livres en centre-ville et profiter des conseils éclairés de libraires professionnels. Par ailleurs, Privat doit également confirmer sa nouvelle position aux yeux de certaines institutions locales. L’université Paul-Sabatier de Toulouse vient, par exemple, d’attribuer le marché de la fourniture de ses livres scientifiques à un grand libraire de Lyon…
Pour rendre sa librairie plus visible, Anne Bougerol va mettre en place un Prix des lecteurs Privat, histoire de faire progresser le nombre des ventes, qui s’établit aujourd’hui autour de 240 000 livres par an.
Avec la Maison du Livre et Privat, la famille Bougerol est le troisième libraire du grand sud-ouest de la France, derrière Mollat à Bordeaux et Sauramps à Montpellier.
Savoir plus : www.maisondulivre.com ou www.librairieprivat.com