Les deux Laguiolais ont récemment lancé sur le marché une déclinaison moderne et design de cet accessoire utilisé depuis des siècles dans les fermes de nos campagnes pour allumer ou ranimer le feu.

Il faut une sacrée dose de culot pour faire d’un outil purement fonctionnel et d’une rusticité fruste un objet de décoration design pour intérieurs urbains. Jérôme Roux et André Bras l’ont osé. Les deux associés ont choisi le marché aveyronnais de Bercy, mi-octobre, pour lancer sur le marché le Buffadoo. Mais personne ne s’y trompe ; les 2 « o » de la terminaison, en forme de clin d’oeil marketing aux anglophones, ne parviennent pas à dissimuler les origines occitanes et rurales de cet improbable objet. Car le Buffadoo de Jérôme Roux et d’André Bras n’est ni plus ni moins que la déclinaison moderne du buffadou, accessoire servant à allumer ou ranimer le feu « sans se brûler les moustaches », en service depuis des siècles dans les cantous de toutes les bonnes fermes des campagnes aveyronnaises.

C’est une idée que Jérôme Roux portait en lui depuis plusieurs années. Les marchands de souvenirs typiques en proposent aux touristes de passage à Laguiole. Lui-même en vendait dans son ancienne boutique. Il s’agissait alors des modèles traditionnels, faits d’un cylindre de bois percé de part en part dans le sens de la longueur. « Mais je trouvais cet objet intéressant pour son histoire, sa fonctionnalité et son potentiel design », explique Jérôme Roux. L’idée est devenue concrète le jour où il évoque son projet à André Bras. L’adhésion de l’ancien patron de la Forge de Laguiole est immédiate et enthousiaste. Les deux hommes créent la SARL Buffadoo en février dernier et commencent à concevoir les premiers prototypes. André Bras, le technicien, ajoute au buffadou des origines deux innovations de sa conception : un clapet anti retour de fumées à une extrémité et une buse spéciale à effet venturi à l’autre bout. Les deux associés prennent les choses au sérieux : les deux améliorations sont brevetées ; ils font appel au génie du fer de l’entreprise Pourquié à Rivière-sur-Tarn pour réaliser les tubes ; ils demandent à Max Capdebarthe, le maroquinier de Sauveterre, de créer des poignées et des lacets décoratifs en cuir ; ils mobilisent la créativité du Studio La Nauze à Rodez pour inventer une identité graphique à leur entreprise.

Et voici donc la toute jeune collection des Buffadoo : deux matériaux au choix, l’acier ou l’aluminium ; deux longueurs, en fonction de la taille des utilisateurs et de leur cheminée ou barbecue ; cinq formes, rectilignes, ondulées, martelés, effilés ou brut de soudure ; une vaste palette de coloris. Les visiteurs du marché de Bercy ne se sont pas fait prier pour acheter les premiers modèles. « C’est plutôt encourageant », se réjouissent Jérôme Roux et André Bras.

Le Buffadoo est en vente à la Galerie du Taureau à Laguiole ou sur le site internet www.buffadoo.com