Le conflit qui opposait le groupe Arche au syndicat CGT, cristallisation de dix-huit mois de tensions liées à un projet de plan de compétitivité et à l’annonce récente d’une internationalisation des productions, a pris fin après trois jours de blocage de l’usine par les salariés.

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Les premières crispations s’étaient fait jour quand Patrick Bellity, patron du groupe, avait annoncé, il y a près d’un an et demi, sa volonté de mettre en place un plan de compétitivité prévoyant, entre autre mesure, de porter le temps de travail hebdomadaire de 34 à 35 heures à salaire égal. Plan refusé par les salariés. La tension s’était accrue au début du mois de mai, à l’annonce de la signature d’un accord avec le fondeur turc Kirpart (groupe Kiraça), chez qui sera produit une partie des dernières commandes. Le groupe a répondu à des appels d’offres de Renault Nissan et d’équipementiers allemands qui prévoient de localiser une partie de la production en Turquie. En faisant le choix de l’internationalisation, l’équipement tente de répondre aux pressions de ses grands donneurs d’ordre qui exigent des coûts de fabrication plus bas et des usines de productions plus près de leurs sites d’assemblages disséminés dans le monde. « Dans leur mondialisation, les constructeurs nous demandent de trouver des conditions de prix sans sacrifier la qualité », explique Patrick Bellity. Kirpart (300 salariés) fabrique des pièces en aluminium pour Renault et Volkswagen, entre autres. Le groupe Arche est aussi en discussion avec un fondeur d’aluminium sud-coréen qui travaille pour KIA et Hyundai. Il s’agirait là de produire et développer des pièces très complexes en Asie. Selon Arche, cet accord permettrait de décrocher un contrat « aussi important » que celui obtenu auprès de Daimler en octobre, qui s’élève à 140 millions d’euros sur sept ans. Enfin, le groupe prépare l’acquisition d’une usine de fonderie en Europe de l’Est, de préférence en Pologne, pour y démarrer la fabrication en 2015. La direction assure que ses cinq usines françaises et l’unité espagnole ne sont pas menacées. Arche investira 15 millions d’euros en 2015 dans son usine de Villers-la-Montagne (Meurthe-et-Moselle) pour la fabrication de pièces de moteurs du nouveau contrat avec Daimler.

Cependant, craignant pour la charge de travail de SAM Technologies, le navire amiral du groupe, les salariés, par la voix du syndicat CGT, avaient opposé à cette stratégie l’exigence de garanties sur l’avenir du site aveyronnais, assorties de revendications salariales. Après avoir bloqué l’usine durant quatre jours et à la suite de l’intervention d’un médiateur nommé par le préfet de l’Aveyron à la demande du ministre de l’Economie, les salariés ont donc obtenu gain de cause avec l’annulation du plan de compétitivité, « remplacé par un plan d’industrialisation, avec de nouveaux développements qui assureront du boulot pour le futur ». Ils ont également obtenu une augmentation de 1,5% des salaires et la prise en charge de la mutuelle, ainsi qu’une augmentation de la prime transports.

Le ministre de l’Économie, Arnaud Montebourg salue l’accord trouvé entre la Direction du Groupe Arche et les représentants du personnel de la Société Aveyronnaise de Métallurgie. «Grâce à cet accord qui met fin à la grève qui a paralysé la société durant deux jours, la reprise des productions a permis d’alimenter à nouveau ses clients du secteur automobile, qui souffraient durement de ces ruptures de flux, a déclaré le ministère de l’Économie dans un communiqué. Cet accord qui conforte la place de SAM Technologies comme fournisseur de renom auprès de ses clients, prévoit, outre des mesures salariales significatives, la mise en œuvre d’un nouveau plan industriel, l’engagement du Groupe Arche de ne pas délocaliser, hors de France, les productions du site, ainsi que le maintien des effectifs pendant trois ans. La direction a confirmé, ainsi sa volonté de défendre les emplois sur le territoire français et dans le bassin de Decazeville.»