L’agence EDF Une rivière, un territoire – DEVELOPPEMENT de Rodez, inaugurée début 2012, a été la première structure de ce genre en France. Bilan et perspectives avec son directeur, Alain Picasso.
Rappelez-nous les raisons qui ont conduit EDF a créer les agences de développement, et en particulier celle de Rodez.
Alain Picasso : A la suite d’une enquête sociétale réalisée sur les bassins de la Dordogne et de la Truyère, il est apparu que le public connaissait bien le rôle d’EDF en matière de production hydroélectrique, mais mesurait très mal sa place dans la création d’emplois et le développement économique du territoire. Dans le contexte de remise en concurrence des concessions des barrages hydroélectriques, EDF a donc décidé de créer des agences de développement liées aux bassins de production. L’agence de Rodez a été la première, avec un rôle pilote. Depuis, six autres agences ont été créées en Dordogne, Pyrénées, Savoie, Durance, Drôme-Isère et Ain-Jura. EDF utilise une ressource naturelle qui appartient à tout le monde, il nous a semblé normal de créer un moyen de redistribuer les richesses que nous en tirons vers l’économie des territoires.
Comment fonctionne cette agence ?
Nous avons inventé une forme de gouvernance participative, associant les différents acteurs locaux de l’économie : chambres consulaires, collectivités territoriales, agences de développement et autres. Les premiers contacts ont parfois été un peu frais… Mais tout le monde adhère maintenant pleinement à notre démarche. Des partenariats ont été établis avec ces différents acteurs. Il a été constitué un comité auquel sont présentés les différents projets. Quant à l’agence elle-même, elle fonctionne avec quatre personnes : Yves Cadars (relations industrielles), Olivier Savoye (chargé de développement), Marie Murat (assistante de direction) et moi-même, directeur.
Dans quels domaines intervient l’agence ?
Globalement, l’agence EDF Une rivière, un territoire-Développement intervient dans les domaines qu’elle connaît bien : l’eau, l’énergie et l’environnement. Plus précisément, elle conduit trois types d’actions. Premièrement, ses équipes accompagnent les porteurs de projets industriels, touristiques, voire culturels en lien avec l’eau, l’énergie ou l’environnement. Elles aident à l’élaboration des business plans, mettent à disposition toutes les expertises utiles aux porteurs de projets, mettent en relation avec les réseaux de compétences et d’expériences… Au delà de cette ingénierie, l’agence apporte aussi un soutien financier aux projets, sous la forme de prêts participatifs ou de prises de participation dans les entreprises.
Le deuxième type d’action est le développement des relations avec les entreprises du territoire, dans l’objectif d’augmenter la part d’activité qu’EDF peut leur confier. Nous apprenons à les connaître, nous leur donnons une visibilité à trois ans des marchés potentiels que nous ouvrons, nous leur permettons de rencontrer les donneurs d’ordre métiers et achats d’EDF, nous les aidons à répondre à nos exigences, en particulier en matière d’environnement et de sécurité des chantiers, nous aidons à grandir celles qui souhaitent accéder à des marchés plus importants ou plus éloignés, en facilitant les groupements temporaires…
Enfin, troisième type d’action, l’agence favorise l’émergence d’innovations dans des territoires qui n’y étaient pas prédestinés. C’est le cas, par exemple, avec le développement de la méthanisation, dont plusieurs projets voient le jour en Aveyron. C’est aussi le cas en matière de mobilité innovante, avec plusieurs projets identifiés dans les parcs naturels régionaux des Grands Causses et de l’Aubrac. Dans le domaine de la mobilité innovante, il ne faudrait pas oublier le projet de station de production-distribution d’hydrogène avec l’entreprise Braley. Ce sera la plus grosse station d’hydrogène en France et l’un des principaux jalons d’une future route de l’hydrogène qui se poursuivra, par-delà les Pyrénées, jusqu’en Espagne. Nous intervenons aussi en faveur de l’attractivité touristique du territoire. C’est ainsi que nous nous sommes rapprochés de l’association des Viaducs de l’extrême, qui cherche à faire classer auprès de l’Unesco les viaducs de Millau et de Garabit. En établissant des synergies avec notre Route de l’énergie, nous cherchons à massifier le projet pour lui donner plus de visibilité auprès de l’Unesco.
L’agence intervient donc surtout auprès des entreprises et en faveur de l’économie ?
Oui, mais pas seulement. Pour répondre à ses propres problématiques de recrutement, EDF s’implique aussi beaucoup dans la formation. C’est ainsi que nous sommes partenaires d’une section études métiers de l’énergie au collège de Mur-de-Barrez, d’une formation à dominante économie du tourisme industriel avec l’IUT de Rodez, de l’ouverture à Rodez d’un diplôme d’ingénieur génie mécanique avec spécialisation dans l’énergie, en alternance, en partenariat avec l’INSA de Toulouse.
Quelles sont les autres pistes de travail déjà identifiées pour l’avenir ?
Nous allons développer notre action en faveur des productions décentralisées d’électricité sur les territoires, avec la participation des acteurs locaux. Nous prévoyons également de favoriser la croissance de l’économie numérique par le développement des réseaux et la création de DATA centers.
En savoir plus : www.rodez.developpement-edf.com