L’une des dernières coutelleries créées à Laguiole n’attend pas d’avoir installé sa gamme classique pour se lancer dans des créations qui se veulent fidèles aux traditions de l’Aubrac. En témoigne son dernier couteau, le Liadou, inspiré par les vignerons de Marcillac.

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Photo : Le Liadou, dernier né de D’Albrac, est en vente depuis mi-août.

Le couteau Liadou, c’est l’histoire d’une rencontre : celle de Jean-Noël Rey, enfant du vallon, président de l’Association des Amis des Orgues du Vallon et vigneron à ses heures, avec Nicolas Julvé, directeur-associé de la coutellerie D’Albrac à Laguiole. Ces deux passionnés, fiers de vivre ici et de sauvegarder, chacun à leur manière, le patrimoine et les savoir-faire aveyronnais, ont décidé de faire revivre un objet presque oublié et pourtant emblématique du Vallon de Marcillac et de ses vignerons : Le Liadou.

Le Liadou, qui signifie « le Lien » en occitan, est le couteau des Vignerons de Marcillac. Un outil simple, robuste et fonctionnel; un compagnon que chaque vigneron avait autrefois dans la poche pour casser la croûte mais aussi et surtout pour travailler à la vigne. Le Liadou était utilisé pour fendre les branches d’osier ou les jeunes sarments, par temps humide et sans les casser surtout, servant à lier les ceps de vigne.

Sa lame typique, épaisse et pointant vers le bas, son ressort à cran plat, ferme et nerveux en faisait un outil fiable et durable très apprécié par les vignerons. On le trouvait alors exclusivement dans le vallon et ses environs, de Rodez à Decazeville, chez les couteliers et quincaillers. Progressivement, le liage de la vigne fut abandonné au profit d’un palissage sur fil de fer, condamnant ainsi le Liadou à l’oubli.

Aujourd’hui, D’Albrac, jeune coutellerie créée en 2012 et soucieuse de préserver le savoir-faire coutelier et d’insuffler l’esprit et les valeurs d’antan dans ses nouveaux produits, est fière de faire renaître le Liadou. Le Liadou est un couteau à cran plat, équipé d’une lame en acier carbone comme à l’origine, et d’un plein manche de 12 cm en corne naturelle ou en bois. Il est entièrement fabriqué à la main dans les ateliers de D’Albrac à Laguiole, à partir de pièces exclusivement fabriquées en Aveyron. Il bénéficie de la signature « Fabriqué en Aveyron ».

La manufacture D’Albrac a été créée par quatre aveyronnais, Jean-Claude Albigès (chef d’entreprise millavois), Michel Chambon (coutelier qui a aujourd’hui quitté l’entreprise), Rémy Wuatelet (ancien directeur marketing des Vins du Languedoc & responsable de SupAgro Fondation), et Nicolas Julvé (ancien responsable commercial et communication d’une coutellerie à Laguiole). « Notre ambition était de créer une entreprise susceptible de faire vivre le couteau et, par sa taille adaptée, d’aller explorer de nouvelles voies, car nous pensons que le Laguiole a été trop galvaudé, explique Nicolas Julvé. Nous avons imaginé une coutellerie capable de créer de nouveaux produits dans le respect des valeurs et des traditions de l’Aubrac. »

D’Albrac fabrique ainsi des couteaux de Laguiole, dans son atelier installé dans l’ancien restaurant de Michel Bras. Les deux couteliers, Jean-Luc et Sébastien, fabriquent des couteaux à partir de matériaux sélectionnés, tels que la corne, les bois précieux, les fibres composites, le verre synthétique, la molaire de mammouth… et avec les meilleurs aciers. Outre les classiques, la coutellerie propose aussi des créations originales telles que le Laguiole à tête de mort qui fait fureur chez les bikers, ou encore le Laguiole bec de corbin (le Laguiole des origines à manche droit), le couteau à huîtres Nemo ou un sommelier avec tire-bouchon de grande taille. « Nous souhaitons que nos couteaux racontent de belles histoires à nos clients », résume Nicolas Julvé.

D’Albrac emploie aujourd’hui six personnes. « Mais les premiers exercices portent la promesse d’un développement qui nous permettra probablement d’étoffer nos effectifs dans les prochaines années », se réjouit le directeur-associé.

En savoir plus : www.dalbrac.com