Le président de la division Powertrain Solutions de Bosch, Uwe Gackstatter est venu hier à Rodez faire la promesse d’un investissement de 14M€ pour moderniser l’une des deux lignes de production, contre la signature d’un accord de compétitivité avec les syndicats. Ce qui, selon ces derniers, ne garantit ni l’emploi ni la pérennité du site.
Après des mois de travail, d’échanges, de discussions avec la direction du groupe Bosch et de rencontres avec le gouvernement, la venue à Rodez du patron de la division moteurs de Bosch était attendue avec autant d’espoir que d’inquiétudes. Uwe Gackstatter, accompagné de Heiko Carrie, directeur du groupe France-Bénélux, a annoncé aux salariés son plan pour maintenir l’activité et l’emploi sur le site de Rodez, face à l’effondrement du carnet de commandes, provoqué par le diesel bashing généralisé.
Comme il était envisagé depuis quelque temps, la direction du groupe propose un plan en trois actions. D’abord un investissement de 14M€ pour adapter l’une des deux lignes de production d’injecteurs common rail de l’usine à la nouvelle technologie 2000 bars (2.0). Des injecteurs qui font des moteurs diesel plus propres et performants. Mais cet investissement est conditionné par la signature d’un accord de compétitivité avec les salariés. En d’autres termes, une réduction du temps de travail et donc des salaires. Dans tous les cas, cet investissement ne saurait éviter une érosion prévisible des effectifs d’ici à deux ans (350 à 400 personnes de moins, avec des départs volontaires et le non remplacements des départs à la retraite).
Phase 2 du plan Bosch : trouver de nouvelles pistes de diversification de l’activité du site ruthénois. Il est question d’horlogerie, d’aéronautique, de santé, d’hydrogène ou d’automobile hors diesel. Il ne s’agit pour l’heure que de pistes ou d’hypothèses.
Phase 3 : rouvrir le débat sur les différentes motorisations des véhicules, dont le diesel moderne, avec des normes claires et strictes et une position neutre des gouvernements. Avec ce plan élaboré au nom de la « responsabilité sociétale » de l’entreprise, la direction du groupe espère pouvoir préserver « le maximum possible » d’emplois sur le site.
Pas suffisant, selon l’intersyndicale de l’usine, qui exige un engagement du groupe sur un volume de production à Rodez, avant de discuter d’un accord de compétitivité. Par ailleurs, les représentants des salariés insistent sur la responsabilité des gouvernants et des clients de Bosch dans les difficultés de l’usine aveyronnaise. Ils appellent ainsi les élus des grandes villes à réviser leurs discours et programmes anti-diesel et les constructeurs français à faire preuve de patriotisme économique. « Renault et Peugeot préfèrent commander à Bosch des injecteurs fabriqués dans l’usine de Turquie plutôt que dans l’usine de Rodez pour des questions de coût », assure l’intersyndicale.
Les négociations entre la direction et l’intersyndicale, ainsi que l’élaboration du plan d’investissement, doivent être terminées pour la fin du mois d’avril 2018, afin d’envisager la mise en service de la ligne modernisée courant 2019.