Après une année 2017 de faible production d’électricité pour cause de manque d’eau, les barrages du Nord et du Sud Aveyron ont dû encaisser les crues du mois de janvier. Mission : réussie.
Au cours du mois de janvier dernier, il est passé environ un milliard de m3 d’eau à Entraygues, à la confluence du Lot et de la Truyère ! Soit près de deux fois la capacité de stockage de l’ensemble des retenues du bassin des deux rivières. Tous les barrages ont turbiné à régime maximum et quatre d’entre eux ont été contraints de déstocker par les déversoirs. La ville d’Espalion, qui a reçu en outre le trop plein d’eau de l’Aubrac, est arrivée au seuil de l’inondation. Sur le Lévezou, le barrage de Pont-de-Salars, aux portes du bourg, a connu le troisième plus gros déversement de son histoire (il a été construit en 1956) avec 50 m3 par seconde de trop plein. Tous les mécanismes de gestion, de prévention et d’information des crues ont fonctionné. « Sur le bassin Lot-Truyère, on peut estimer que nos barrages ont réussi à stocker environ 25% de la crue », calcule Frédéric Corrégé, directeur du groupement d’exploitation hydraulique (GEH) Lot-Truyère. « Mais quand un barrage est plein, il est plein et doit donc déstocker, rappelle Henri Mesplou, directeur du GEH Tarn-Agout, qui gère le complexe du Lévezou et de la vallée du Tarn. En revanche, nous ne lâchons jamais plus d’eau que nos retenues en reçoivent. »
Ce mois de janvier exceptionnellement arrosé a permis aux Aveyronnais de constater une fois de plus l’intérêt de la présence sur leur territoire de ces grandes installations hydroélectriques, construites entre les années trente et quatre-vingts. Non seulement, elles ont un rôle important à jouer en cas de crue, mais elles sont aussi un outil d’une efficacité redoutable quand il s’agit de pallier l’intermittence des énergies telles que l’éolien ou le photovoltaïque. « En une minute et trente secondes, nous pouvons envoyer dans le réseau de quoi répondre aux besoins d’une ville comme Marseille », assure Frédéric Corrégé. Une telle réactivité est rendue possible, en particulier, par une installation comme Montézic qui, avec ses deux retenues, n’est pas soumise aux aléas pluviométriques. Car, ce mois de janvier 2018 très arrosé a été précédé par une année 2017 particulièrement sèche. Avec moins d’eau, les barrages et leurs usines ont donc moins produit d’électricité qu’une année normale (environ -25%).
Au-delà de la production d’électricité propre et agile, au-delà de la gestion des crues, les barrages aveyronnais jouent également un grand rôle dans le soutien des étiages au profit du tourisme et de l’agriculture.
Enfin, la présence des installations hydroélectriques apporte aussi sa manne économique, entre les travaux d’entretien qui mobilisent des entreprises locales et les impôts et taxes que paie EDF. Sur le seul bassin Lot-Truyère, les travaux se sont chiffrés à 18M€ et la fiscalité à 24M€.
Rappelons que l’activité hydroélectrique du territoire est aussi à l’origine de la création de l’agence EDF de développement économique et de soutien aux entreprises que dirige à Rodez Alain Picasso.