Malgré les annonces rassurantes d’un plan départemental de déploiement du très haut débit et d’un plan national de couverture mobile, l’urgence demeure, pour les entreprises aveyronnaises, d’un accès au THD. Une enquête de SisMic et de la CCI en témoigne.
Alain Picasso, président de l’association SisMic pour la promotion du numérique, admet que le plan conjoint de déploiement de la fibre optique partout en Aveyron, Lot et Lozère d’ici 2022, est une bonne nouvelle. De même qu’il salue l’accord signé entre l’Etat et les opérateurs mobiles pour un service de qualité sur tout le territoire. Mais, pour son association comme pour la CCI Aveyron, les enjeux liés au numériques sont tels qu’il ne faut absolument pas perdre de temps. Il en va de la compétitivité des entreprises aveyronnaises, de leur développement voire de leur pérennité sur le territoire ; il en va aussi des emplois dans ces entreprises mais aussi chez sous-traitants qui doivent construire les nouvelles infrastructures du numérique ; plus largement, il en va, enfin, de l’attractivité de l’Aveyron. C’est pourquoi SisMic, encouragée par la CCI, se positionne comme « un partenaire actif et exigeant » du déploiement du très haut débit en Aveyron. L’association souhaite même pousser à la création d’un observatoire du développement du numérique afin de vérifier que les plans se déroulent conformément à ce qui a été annoncé.
L’engagement de l’association tient sa légitimité des entreprises aveyronnaises elles-mêmes. SisMic a, en effet, réalisé une première enquête sur le thème du numérique auprès des sociétés du département, en 2014. Elle a réitéré ses questions entre 2016 et 2017, afin de vérifier si les besoins des entreprises avaient évolué et leur degré de satisfaction en matière de connexion internet. Et les résultats de cette nouvelle enquête, à laquelle ont répondu près de 300 entreprises aveyronnaises de toutes tailles (mais majoritairement de plus de 10 salariés) et de tous secteurs d’activités, révèle un important niveau d’insatisfaction, voire des inquiétudes. L’enquête montre que la plupart de ces entreprises en sont encore au haut débit et n’ont pas encore franchi le cap du THD. Parmi elles, 54% se disent insatisfaites de leur connexion et 77% pensent qu’elle ne leur permettrait pas de réussir leur transition numérique. Première raison à ce faible engagement vers le THD : l’absence d’infrastructures et d’offre de service. Les premières attentes des entreprises interrogées sont le débit et la continuité d’un service de qualité.
En l’absence d’une offre rapide de THD, plus de la moitié des entreprises estiment qu’elles pourraient se débrouiller pour trouver une solution et s’adapter. Mais 15% des chefs d’entreprises affirment qu’ils pourraient être contraints de se délocaliser hors de l’Aveyron pour avoir accès à un service THD compétitif (ils étaient 11% à penser ainsi en 2014). Dans un contexte de création d’un nouvel établissement, les entreprises interrogées répondent que la proximité de leur clientèle est le premier des critères. Mais le critère de la qualité des infrastructures de télécommunication arrive rapidement, disputant la deuxième place à la présence d’infrastructures routières.
L’enquête conjointe de SisMic et de la CCI révèle enfin que les entreprises souhaiteraient pouvoir disposer d’un accompagnement et de compétences pour réaliser leur transition numérique. Et là se repose la question d’un centre territorial de compétences digitales, du style incubateur, où pourraient se retrouver les startups et les entreprises en mutation numérique.