A terme, l’Aveyron n’aura d’autre choix que de traiter lui-même les déchets ménagers que produisent ses propres habitants. Dans ce contexte, la solution proposée par la filiale du groupe millavois Sévigné devrait inspirer une certaine confiance.

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« N’importe où mais pas chez moi ! » L’air est connu et le groupe Sévigné l’a beaucoup entendu depuis qu’il a commencé à travailler sur son projet de centre de traitement des 60000 tonnes d’ordures ménagères produites chaque année par les Aveyronnais. Les premières informations rendues publiques ont provoqué réactions, crispations et fantasmes, au point que Sévigné a choisi de retourner à son bureau d’étude pour affiner son projet et chercher les solutions les plus acceptables par tous. « De toute façon, il n’est pas question de passer force, assure Stéphane Foury, chargé du projet Solena, la filiale spécialement créée par Sévigné. Le site sera choisi en fonction de critères géologiques, de l’accord des élus, d’une acceptation totale et des critères techniques. »

Ainsi, les équipes de Solena sont-elles parties visiter à travers l’Europe une multitude de centres de traitement des déchets, de toutes tailles et mettant en œuvre différentes techniques. Leurs études les ont conduit à un projet désormais parfaitement abouti, sous la forme d’un pôle multi-filère permettant tout à la fois de traiter les ordures ménagères, de valoriser les déchets agricoles et les bio-déchets, de valoriser les biogaz. Cette solution évolutive, en capacité de s’adapter à l’évolution du tri des déchets à la source, pourrait traiter la totalité des ordures ménagères du département et permettrait de dépasser les objectifs de valorisation préconisés par le plan départemental. La solution retenue consiste à effectuer un tri dès réception des déchets. Grâce à plusieurs technologies déployées, ce tri permettrait de valoriser les métaux, les plastiques et d’extraire les matières fermentescibles. Celles ci seraient alors méthanisées en trois filières distinctes selon qu’il s’agirait de déchets agricoles, de déchets ménagers et de bio-déchets. A l’issue de la méthanisation, les digestats seraient stabilisés, séchés et affinés pour donner soit du compost soit un déchet mis en stockage. Le gaz issu de la méthanisation devrait être utilisé pour produire de l’électricité et de la chaleur. Il pourrait aussi être injecté dans le réseau de gaz domestique.

Le tri permettrait en outre de produire un combustible solide de récupération, destiné aux cimenteries ou autres industries.

Quant aux refus de tri, ils seraient conditionnés en balles avant d’être enfouis dans des casiers creusés dans le sol et étanchéifiés. L’enfouissement devrait consommer environ un hectare par an. Une fois refermé, le terrain pourrait retourner à sa vocation initiale.

Le projet Solena devrait produire 1200 tonnes de métaux, 10800 tonnes d’évaporation, 18000 tonnes de combustible solide de récupération, 4200 tonnes de biogaz, 3000 tonnes de matière organique stabilisée et 22800 tonnes de refus. « Il est surtout important de retenir que les procédés retenus maîtrisent parfaitement les rejets et les odeurs, ajoute Stéphane Foury. Nous sommes une entreprise aveyronnaise, nous vivons tous ici, il n’est pas question pour nous d’envisager une installation qui aurait un impact négatif sur notre environnement. »

Le projet de centre de traitement de Solena, exige une emprise foncière de 50 hectares, sur lesquels seuls 5 hectares perdraient leur vocation d’origine (le reste constituant les zones de protection et d’intégration paysagère). Le coût est estimé à 35M€, financé par l’emprunt et des partenariat avec des acteurs locaux privés. Le centre fera travailler 20 à 25 personnes. Le groupe Sévigné est aujourd’hui prêt, pour une construction en 2017 et une mise en service en 2018. Il reste maintenant au syndicat départemental des ordures ménagères à lancer l’appel d’offres. Il doit le faire avant 2020.