Rose Fabre, la deuxième génération de la ganterie Maison Fabre, s’est éteinte le 22 juin à Millau, à l’âge de 95 ans.
« C’était une femme moderne avant l’heure comprenant mieux que personnes les sensibilités de « ses filles » dans la manufacture, écrit d’elle Olivier, son petit-fils. Une femme intuitive qui a su positionner le gants dans le luxe et travailler à l’international très tôt. Une femme de grande valeur très attachée à sa ville, à sa maison, à son métier. Et bien sûr une femme aimante, éperdument amoureuse de son mari et qui a placé sa famille avant tout. »
C’est à 16 ans que Rose quitte son Levezou natal et arrive avec sa sœur à Millau. Et c’est à ce moment-là que se dessine son avenir. Elle découvre la ganterie chez Lauret et se prend de passion pour ce métier. Très rapidement, elle apprend à coudre à la main et à la machine puis crée les modèles et reste fidèle à cette maison jusqu’à sa rencontre avec Denis Fabre, son futur mari qu’elle ne quittera jamais.
En 1942, Rose commence alors une nouvelle vie aux cotés de Denis, dans la ganterie crée dix huit ans plus tôt par son beau père Etienne Fabre et située dans la maison de famille sur les berges du Tarn.
Multipliant les voyages, afin de faire connaître ses gants à travers le monde, Rose, dynamique et entreprenante, transforme très vite l’entreprise familiale artisanale en une belle industrie florissante. Elle crée des modèles pour les maisons de haute couture et fait preuve de beaucoup d’imagination en transformant cet accessoire de nécessité en un produit raffiné. Elle déménage la manufacture et l’installe définitivement dans le coeur de Millau, lieu ou elle est toujours, et compte alors jusqu’à 250 couturières et 40 coupeurs.
C’est dans ces nouveaux locaux, que son fils Louis viendra se joindre à ses parents, puis ce sera au tour de ses petits enfants de poursuivre cette belle histoire familiale.
Elle a su monter à Paris très tôt pour rencontrer les clients, les grandes maisons, les grands magasins parisiens mais aussi étrangers. Elle a visité toute l’Europe et implanté sa marque de gants dans tous les points de vente important dans la mode.
Elle fut durant des années ambassadrice discrète de Millau et de l’Aveyron. Elle a su développer son entreprise et souder sa famille.
« Rose était une fleur, Maison Fabre son jardin », dit Olivier. Il y a encore 3 ans, elle acceptait toutes les interviewes, même ces dernières années, elle voulait savoir ce qui se passait, elle lisait les articles dans les journaux, commentait et surtout était contente et fière que perdure le rêve de sa vie.
Sur Tv5 Monde, on peut encore la voir et l’entendre dire « une vie est si vite passée » (http://www.tv5monde.com/cms/chaine-francophone/publications/Sur-mesures/Video/p-14517-Episode-16-Olivier-Fabre-gantier.htm)
Aujourd’hui la Maison Fabre est toujours liée à sa Rose avec la création en 2013 des gants parfumés de Marie-Antoinette au parfum de rose vanillé comme les portaient la reine, avec les gants de La Belle et la Bête, une histoire qui démarre autour d’une rose, les gants parfumés de Josephine sur un parfum de rose de printemps… Rose a laissé à jamais son parfum dans la Cité du Gant.