Suzy et Nigel Atkins, qui ont créé la Poterie du Don en 1977, passent le relai à leur fils Kélian, qui devra relever plusieurs défis, dont celui de l’internationalisation de son activité.
Quand ils sont arrivés en France dans les années soixante-dix, pour s’installer dans une vallée inaccessible du sud du Cantal, personne n’aurait osé parier sur la réussite économique du couple Atkins. Pourtant, le génie artistique de l’américaine Suzy et le dynamisme commercial de l’anglais Nigel ont fini par construire une petite entreprise, qui est aujourd’hui la principale référence européenne en matière de création, négoce et formation aux arts de la céramique. A l’amateurisme éclairé des premières années a vite succédé la renommée des poteries utilitaires en gré au sel, sans cesse réinventées par Suzy. Puis, avec l’ouverture en 1993 d’une galerie d’art dédiée à la céramique, l’entreprise a pris une nouvelle dimension. « Mais le grand saut pour nous, c’est quand nous nous sommes installés ici, au Fel », insiste Nigel Atkins. Un bâtiment signé Lacombe et Florinié, qui suscite une curiosité permanente, un outil de production spacieux et fonctionnel qui permet d’abriter des ateliers de formation, une galerie qui accueille les plus grands artistes européens de la céramique et un cadre naturel sidérant de beauté. La Poterie du Don est devenue en 2007 le Don du Fel, pôle européen de la céramique contemporaine.
C’est désormais à Kélian, le fils de Suzy et Nigel, de prendre les commandes de l’entreprise, épaulé par sa compagne Léonor. Formé en Irlande aux techniques de la poterie, charge à lui de prolonger la signature de Suzy et de moderniser les collections. Avec Léonor, il devra également développer l’activité des stages et ateliers. « Il y a une demande de plus en plus importante, nous recevons toujours plus d’amateurs qui découvrent et se rallient aux techniques de la céramique, explique Kélian. Léonor a un don particulier pour révéler le potentiel créatif que recèle chaque stagiaire. » A tel point que le Don du Fel étudie l’opportunité de créer un nouveau bâtiment afin d’accueillir plus de stagiaires dans de meilleures conditions.
Kélian devra aussi développer encore l’aura internationale de la poterie du Fel. « Nous ne prévoyons pas d’exporter notre production, mais plutôt de faire venir en Aveyron des amateurs et clients étrangers », précise Kélian. Pour ce faire, le Don du Fel travaille déjà en réseau avec des acteurs locaux du tourisme, tels que Michel Bras à Laguiole. Kélian Atkins compte aussi profiter de l’effet Soulages, qui a déjà eu un impact sensible sur la fréquentation de la poterie. « A nous d’imaginer, ensemble, une offre cohérente qui inclut différents pôles dédiés à la création artistique et une hôtellerie adaptée aux exigences de ce type de public », lance le jeune potier. Année après année, la céramique d’art gagne de nouveaux amateurs et collectionneurs qui se déplacent pour découvrir les artistes et leurs œuvres, consacrent des sommes de plus en plus importantes à l’acquisition de pièces nouvelles. « Ces amateurs et ces collectionneurs viennent déjà chez nous, remarque Kélian. Mais nous devons améliorer encore la visibilité et la réputation de la galerie pour faire venir des clients de plus loin et en plus grand nombre. »
Telle est la tâche confiée à la deuxième génération de la Poterie du Don.