Quand il a commencé sa carrière en 1980, Rodez comptait pas moins de onze photographes professionnels. Aujourd’hui, Christian Bousquet est l’un des derniers artisans de cette profession « saccagée », selon ses propres termes, par l’avènement de la photo numérique pour tous.

cbousquet

Cela fait trente-cinq ans que sa grande silhouette hante tous les événements photogéniques du département. Trente-cinq ans qu’il immortalise les grands moments de la vie des familles, naissances, mariages… Trente-cinq ans qu’il tire le portrait des Ruthénois. Christian Bousquet le photographe est devenu une institution de Rodez au même titre que les collectivités pour lesquelles il travaille régulièrement.

Il est vrai que Christian Bousquet a commencé jeune : 16 ans. Il était apprenti chez le photographe Méravilles. Puis, à 22 ans, il a ouvert son premier magasin, place du Bourg, qu’il a ensuite déménagé rue du Touat. « Je faisais des mariages, des reportages et des photos de classe, se souvient-il. A l’époque, les photographes ne se déplaçaient pas pour faire ces photos dans les écoles ; ils vivaient de la vente du matériel et des développements. » Son goût pour le reportage et le contact humain feront son succès.

Place de la Cité, Carrefour Saint-Etienne, puis centre commercial Géant et, brièvement, centre commercial Leclerc… Christian Bousquet occupe le terrain avec ses magasins autant qu’avec son appareil photo en bandoulière. Au plus fort des affaires, le photographe comptera trois boutiques et une quinzaine de salariés. Puis l’avènement du numérique et sa démocratisation vont le contraindre à réduire la voilure. « Ça a saccagé le métier », dit-il. Christian Bousquet a aujourd’hui le magasin du Carrefour Saint-Etienne et celui du centre commercial Géant à Onet.

Le photographe a adapté son activité à la fois aux technologies disponibles et aux nouvelles attentes des clients. Il fait beaucoup de livres de photos pour les familles et les entreprises et s’aventure même dans le métier de l’édition. Reportage en entreprises, tirage de travaux amateurs, développements de pellicules argentiques, reproduction de photos anciennes… Christian Bousquet réalise tous les travaux traditionnels du photographe. Et il fait beaucoup de portrait en studio. « Paradoxalement, alors qu’ils peuvent multiplier les prises de vue à l’infini, les gens n’ont plus vraiment de photos à leur disposition, explique-t-il. L’image numérique n’a pas de réelle existence, elle, s’altère, elle se perd ; alors les gens cherchent de vrais portraits sur support papier. » C’est d’ailleurs le portrait, son travail préféré, qui lui a valu les deux récompenses officielles qu’il a décrochées au cours de sa carrière professionnelle : le diplôme de Qualified European Photographer en 2004 et celui de Maître Artisan en 2008.