Le salaisonnier de Villefranche fait partie du premier trio d’entreprises françaises autorisées à exporter des charcuteries vers la Chine. Cet agrément, confirmé lors du voyage en France du président chinois, ouvre de belles perspectives à l’entreprise familiale.
Jusqu’à présent, la France pouvait vendre de la viande de porc aux chinois mais pas les produits transformés à partir du porc. Depuis mercredi, il est aussi possible d’exporter des charcuteries françaises à l’Empire du milieu. Trois entreprises nationales viennent de décrocher l’agrément officiel accordé par les autorités chinoises : Brocéliande pour le jambon cuit, Delpeyrat pour le jambon de Bayonne et Sacor pour le saucisson sec. Cette autorisation intervient au terme d’un processus de visites de sites, audits et échanges entre les deux pays menés tambour battant depuis juillet dernier. La volonté commune des deux pays d’annoncer l’ouverture de nouveaux échanges commerciaux à l’occasion de la visite du président chinois à Paris a beaucoup fait pour accélérer les choses…
« C’est pour nous une grande fierté et une réussite collective de toute l’entreprise, explique Nicolas Tournois, patron de Sacor. Nous sommes une modeste entreprise familiale et le fait que nous ayons été désignés comme représentatifs des fabricants de salaisons sèches puis que nous ayons obtenu cet agrément, souligne la qualité de notre travail. »
Cet agrément n’est qu’une première phase pour Sacor, qui doit désormais aller conquérir sur place des marchés, dans un pays qui n’a pas dans sa culture la consommation de charcuteries sèches. « Quand les Chinois sont venus visiter l’entreprise, nous avons pu constater certaines appréhensions à goûter nos charcuteries, se rappelle Nicolas Tournois. Il a même fallu que nous fassions cuire notre saucisson sec à la vapeur… Nous venons de loin… » Conscient des difficultés qu’il reste à surmonter mais volontaire, le jeune patron se rendra en mai à Shangaï pour un important salon agroalimentaire international, où il essaiera de convertir les Chinois aux saveurs des meilleurs charcuteries françaises. « Nous comptons sur un effet comparable à celui qui pousse les vins français, les Chinois cherchant à prolonger dans leur pays les expériences gustatives qu’ils connaissent lors de leurs séjours touristiques en France », explique encore Nicolas Tournois. L’avenir dira ce qu’il en est réellement.
En attendant, Sacor confirme sa vocation exportatrice dans le monde entier, et en particulier vers l’Asie. L’entreprise villefranchoise est en effet agréée pour le Japon, Le Cambodge et, depuis peu, la Thaïlande.
Créée voila cinquante ans, Sacor, qui a acquis sa dimension actuelle sous l’impulsion de Jean-Paul et Jocelyne Tournois, produit aujourd’hui 2500 tonnes de saucisses et saucissons secs et 1500 tonnes de produits tranchés. L’entreprise emploie une centaine de salariés et exporte près de 50% de sa production.