Parce que les vêtements de la styliste millavoise racontent une histoire, ils gagnent le cœur et la garde-rode des femmes du monde entier. Histoire d’une conquête discrète qui a commencé voilà près de vingt ans.

A travers chacune de ses collections, Catherine André raconte un de ses voyages, réel ou imaginaire. La collection automne-hiver 2013 est inspirée par Valparaiso (littéralement Vallée Paradis, en Espagnol), ville portuaire et baroque du Chili. « Une ville insensée », résume Catherine André, en arpentant les couloirs labyrinthiques de son atelier de la rue du Rajol, à Millau. La styliste n’a pas eu à faire le voyage sud-américain. Il lui a suffit d’entendre le récit de la nièce d’une connaissance, partie sur un coup de tête à la découverte de cette ville nourricière de tous les fantasmes de voyageurs, puis de se plonger dans les images que lui ont procurées ses recherches. Des couleurs, des formes, une atmosphère… une collection de vêtements : manteaux, robes, jupes, pulls, cardigans, accessoires en maille et en cuir, de fabrication française et d’une grande rigueur.

20 ans de croissance

Ainsi travaille Catherine André depuis toujours. Depuis les premières émotions esthétiques ressenties par l’étudiante en lettres lors d’un séjour en Irlande. La révélation poussera Catherine André des lettres vers l’art, puis de l’art vers le stylisme. Dans les années quatre-vingts, elle crée des couleurs  pour la filature italienne Orlandi, fournisseur de toute la haute couture européenne, et dessine pour de nombreuses maisons de prêt-à-porter. En 1994, encouragée par un Villefranchois qui a fait fortune dans le prêt-à-porter, elle crée sa propre collection, la première, qu’elle présente au salon du prêt-à-porter de Paris. Si elle parvient à prendre cinq cents commandes, c’est qu’elle a une place dans le monde de la mode. Elle en comptera un millier, pour la plupart passées par des clients japonais. C’est là, en 1995, que commence l’histoire de l’entreprise Catherine André. Désormais, c’est sa marque qui voyage.

75% à l’export

Catherine André aujourd’hui, ce sont 30 000 à 35 000 pièces vendues chaque année, dont 75% à l’étranger (Japon, Taiwan, Chine, USA, Russie, Australie, Allemagne, Italie). Ce sont également deux collections de 120 à 140 modèles par an, conçues et prototypées à Millau, fabriquées à Roanne, Le Puy et Cholet, présentées sur une vingtaine de salons internationaux et photographiées par Richard Haughton, portraitiste des célébrités. Ce sont huit agents exports et cinq boutiques en nom propre (à Paris, rue du Cherche Midi, galerie Vivienne et rue de la Pompe, à Gand en Belgique et à Millau). C’est enfin une équipe de 28 personnes, en majorité des femmes jeunes. La présence régulière de stagiaires en provenance de l’étranger confirme la notoriété internationale de la marque Catherine André. L’entreprise, en croissance constante depuis sa création, réalise un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros.

Catherine André n’a pas encore fini de raconter son histoire. Les prochains chapitres pourraient compter (conter) la création d’un pôle marketing, la création d’une agence de communication à Paris (où est concentrée toute la presse spécialisée), le lancement d’une collection hommes, de nouveaux partenariats pour les accessoires, de nouvelles boutiques en nom propre… Objectif : 8 à 12 millions d’euros de chiffre d’affaires.