L’industriel de la viande, associé à l’Agence régionale d’investissement stratégique (ARIS), pourrait constituer une société de projet pour reprendre l’abattoir de Sainte-Géneviève sur Argence. Le dernier mot au tribunal de commerce de Rodez.
Cent soixante emplois perdus dans la faillite d’Arcadie, qui faisait fonctionner l’abattoir local. Sans parler du désarroi des éleveurs du plateau de l’Aubrac, contraints d’aller chercher ailleurs un opérateur pour l’abattage et la découpe de leurs bêtes. Les élus locaux ont estimé qu’ils ne pouvaient laisser les choses en l’état et sont partis à la recherche de repreneurs potentiels pour l’abattoir.
Avec l’aide des institutions présentes sur le territoire, ils ont trouvé Beauvallet, un groupe industriel spécialisé dans la viande (siège social à Pithiviers, Loiret, 1000 salariés, plusieurs sites en France et en Europe, dirigé par la famille Léguille) prêt à reprendre l’abattoir nord-aveyronnais. Pour convaincre Bernard Léguile de venir s’installer en Aveyron, la communauté de communes Aubrac Carladès Viadène, sest tournée vers l’Agence régionale d’investissement stratégique (ARIS) qui est prête à mettre la main à la poche pour constituer, avec Beauvallet, une société de projet dans laquelle l’industriel apporterait 51% du capital et l’agence, 49%.
Sur le plan opérationnel, Beauvallet, déjà présent sur les viandes de qualité et de terroir avec son site de Limoges, berceau de la race limousine, projette de faire de Sainte-Geneviève un abattoir de dimension locale, spécialisé dans les bovins, qui s’approvisionnerait dans un rayon d’une centaine de kilomètres (entre 300 et 600 bêtes par semaine) et serait en capacité de s’adapter aux variations saisonnières de la production locale. Bernard Léguille, accompagné les élus et techniciens locaux, s’est déjà rapproché des différents acteurs présents sur l’Aubrac (filières, labels Bœuf Fermier Aubrac et Génisse Fleur d’Aubrac). « Nous savons, à Beauvillet, que nous ne pouvons pas faire notre métier si nous ne prenons pas soin des éleveurs », explique Bernard Léguille. Beauvillet apporterait donc à l’abattoir de Sainte-Geneviève tout son savoir-faire et les technologies qui lui permettent aujourd’hui de garantir à ses clients des viandes de qualité, issues d’élevages respectueux de l’environnement et du bien-être animal, avec une traçabilité totale depuis la ferme jusqu’à l’assiette. Le projet Beauvallet prévoit une totale refonte de l‘outil de Sainte-Geneviève permettant d’y assurer l’abattage, le désossage, la découpe. L’activité pourrait reprendre avec une cinquantaine de personnes mais, à terme (3 ou 4 ans), Beauvallet estime pouvoir reconstituer l‘effectif de 130 à 150 salariés sur place. L’établissement répondrait aux plus hautes certifications nationales et internationales et serait doté d’une direction opérationnelle sur site. L’investissement est estimé à 4 à 5 M€.
Pour Beauvallet, le projet de Sainte-Geneviève s’inscrit dans une « stratégie Massif Central » qui lui permettrait de consolider un fort positionnement sur la viande de terroir et de qualité pour tout le marché français, voire à l’export.
Il reste maintenant au tribunal de commerce de Rodez de dire s’il est convaincu par le projet de reprise de l’abattoir du nord-Aveyron présenté par Beauvallet.